De quoi parle-t-on ?
Vous avez toujours rêvé de sublimer votre modèle sur un fond flou ? Ou au contraire, vous aimeriez photographier un paysage complètement net du premier-plan à l’arrière-plan ? On vous explique la profondeur de champ et comment la contrôler !
La profondeur de champ désigne l’étendue de la zone de netteté d’une image. En d’autres termes, c’est la distance qui sépare le point le plus proche du point le plus éloigné apparaissant nets sur la photo.
Sur l’image ci-dessous par exemple, le sujet photographié se détache d’un arrière-plan flou, car la zone de netteté est très restreinte : la profondeur de champ est faible.
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Une règle à prendre en compte
Lorsque vous faites la mise au point sur un sujet, gardez à l’esprit que la zone de netteté s’étend généralement sur 1/3 devant et 2/3 derrière ce point.
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Une exception néanmoins : en macrophotographie, la répartition est plus équilibrée, souvent 50/50 (moitié devant le sujet, moitié derrière). Pourquoi cette règle est importante ?
Un exemple : vous réalisez des photographies e-commerce d’objets, et vous souhaitez que les produits soient nets en tous points. Vous allez donc (entre autres) vous servir de cette règle pour choisir précisément où faire le point sur l’objet, de telle sorte à ce qu’il ressorte complètement net.
L’hyperfocale : le « net » plus ultra
Pour compléter le point précédent, quoi de mieux que de parler de l’hyperfocale ! Lorsque la mise au point est faite sur la distance hyperfocale, la profondeur de champ s'étend de la moitié de cette distance jusqu'à l'infini.
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Pour trouver cette distance hyperfocale, prenez une photo en faisant le point sur l’infini. Puis, cherchez sur l’image le point net le plus proche de vous. Ce point correspond à la distance hyperfocale.
Si vous photographiez à l’argentique, notez que sur certains objectifs est gravée une échelle de profondeur de champ permettant de faire le point sur l’hyperfocale, et ce, en fonction de l’ouverture. Il faut aligner le symbole infini (∞) avec la valeur de l’ouverture sélectionnée, indiquée sur la partie droite de l’échelle de profondeur de champ.
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Contrôler la profondeur de champ
1 – L’ouverture du diaphragme
Plus le diaphragme est ouvert (petit nombre suivant le “f/:”), plus la profondeur de champ est faible, et donc plus le flou d’arrière-plan est important (et inversement).
Pour plus d’informations sur l’ouverture du diaphragme, consultez notre article dédié.
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2 – La distance de mise au point
Lorsque le sujet est proche, la profondeur de champ se réduit.
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3 – La focale
Une courte focale (moins de 35 mm) offre un large champ de vision, parfait pour capturer l’immensité d’un paysage par exemple.
À l’inverse, une longue focale (à partir de 85 mm) permet de concentrer l’attention sur un détail précis de la scène, ou de rapprocher un sujet éloigné, comme un animal ou un sportif (400 mm et plus). Or, une focale plus longue entraîne une réduction de la profondeur de champ.
4 – Quid de la taille du capteur ?
Dire qu’un grand capteur permet de réduire la profondeur de champ n’est pas exact. Par exemple, si vous montez un objectif sur un boîtier plein format et que vous l’adaptez ensuite sur un boîtier au capteur APS-C (plus petit), la profondeur de champ sera la même sur les deux appareils. On part bien sûr du principe que les 3 paramètres vus précédemment sont identiques sur les 2 boîtiers. Cependant, on observe sur le capteur APS-C un recadrage qui rétrécit la portion de la scène visible par rapport à un boitier plein format. Pour mieux comprendre, un objectif de 100 mm installé sur un boîtier plein format offre l’angle de champ d’un 150 mm lorsqu’il est monté sur un boîtier au capteur APS-C. Ce phénomène est appelé le facteur de recadrage (ou crop factor en anglais).
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Mais alors, pourquoi certain.e.s affirment que la taille du capteur a un rôle à jouer dans la profondeur de champ ? C’est simple, pour obtenir le même cadrage qu’un objectif monté sur un boîtier plein format, vous devez utiliser sur un boîtier au capteur APS-C une optique à la focale plus courte. En effet, si on réalise des clichés avec un boitier disposant d’un capteur APS-C, et que l'on souhaite avoir le même angle de champ qu’un 50 mm monté sur un boitier plein format, on va avoir recours à un 35 mm. Dans cette situation, la profondeur de champ diminue avec le 35 mm, car, souvenez-vous, la focale a une influence sur la profondeur de champ. Subtil, n’est-ce pas ?
Que faire quand on manque de profondeur de champ ?
Vous photographiez des paysages ou des natures mortes, mais vous avez du mal à obtenir une netteté parfaite du premier plan à l’arrière-plan ? Une solution existe : le focus stacking (ou zédification). Le principe est simple : réalisez une série de photos sur trépied en faisant varier la mise au point à chaque prise. Ensuite, à l’aide d’un logiciel spécialisé, importez ces images : votre ordinateur combinera automatiquement les zones nettes de chaque cliché pour un rendu d’une précision exceptionnelle. Astucieux, non ?
Pour les photographes adeptes de macrophotographie, réaliser une image demande parfois un assemblage de plus d’une centaine de photographies !
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Le bokeh final
L’esthétique du flou d’arrière-plan, aussi appelé bokeh, dépend avant tout de l’objectif utilisé. Certaines optiques se démarquent particulièrement dans ce domaine, comme le TTArtisan 75 mm f/1.5, réputé pour son bokeh tournant (image ci-dessous), ou encore le TTArtisan 100 mm f/2.8, qui offre un superbe effet bulles.
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Maintenant que vous êtes des spécialistes de la profondeur de champ, à vous de mettre la théorie en pratique ! On s’est quand même dit qu’un petit pense (pas) bête pourrait toujours vous être utile lors de vos sorties photo, n'hésitez pas à le télécharger !
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Crédits photo : Nathan Anderson, Quaritsch photography, Filip Baotic, Daniil Komov, v2osk, Jonas Rask, Alexandre Sourd (schémas), Digixo
Cet article a été rédigé par Alexandre Sourd,
un de nos photographes partenaires.