Le mouvement, l'homme et la nature

Pigiste à ses débuts, il devient ensuite une référence dans la photographie de l’ultra-trail, capturant avec talent l'alliance entre sport et paysages grandioses. Découvrez Alexis Berg dans cette interview.

Digixo l Comment êtes-vous arrivé à la photographie ?

Alexis Berg l "Un peu par hasard. J'avais vingt ans et j'ai reçu en cadeau mon premier appareil photo, un petit reflex numérique, un Canon 400D. Avant cela, je n'avais aucun lien avec la photographie. Et puis, il s'est passé quelque chose, dès mes premières photos. J'ai eu la sensation d'avoir trouvé un truc et j'ai simplement suivi cette voie. Deux ou trois ans plus tard, j'ai acheté un nouveau boîtier, plein format, symbolique de mon évolution, un Canon 5D. J'ai alors fait un voyage en Syrie qui a changé la donne et c'est à mon retour que j'ai commencé à envisager progressivement la photo comme un métier. Je suis photographe professionnel depuis plus de dix ans."

Digixo l Comment vous êtes-vous formé ?

AB l "Je n'ai suivi aucune formation. Ou plutôt, j'ai uniquement suivi la plus évidente de tous, simplifiée par la photo numérique, celle d'être l'élève de son boîtier et d'étudier par la pratique. Comme beaucoup d'autres, je n'ai jamais utilisé autre chose que le mode manuel. Pour la technique, c'est une école suffisante, je trouve. Pour le reste, on a tendance à dire que "l'œil" ne se travaille pas. Je pense au contraire que notre "œil" se modèle chaque jour, résultat de notre regard sur la peinture, le cinéma, la bande dessinée, les clips musicaux..."

Digixo l Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans cette pratique de la photographie ? Le mouvement, l’environnement... ?

AB l "Ce qui est intéressant avec le mouvement, avec l'action, c'est qu'on ne peut les prévoir que partiellement. Le jeu, c'est d'apprendre à anticiper, tout en espérant être surpris. Le sport est un sujet facile, car il y a toujours ce mélange de rituels et d'imprévisibles. Je me suis spécialisé dans les sports en montagne - ce qui rajoute à l'action des décors spectaculaires et changeants. C'est aussi une chance, qui conditionne des journées de travail en pleine nature."

Digixo l Quel est votre matériel de prédilection ? Adaptez-vous votre matériel selon le type de photo à faire ?

AB l "Je travaille avec des boîtiers Canon depuis le début. C'est tout sauf une fidélité aveugle, c'est un choix personnel d'image et d'esthétique. J'ai connu chacun des 5D, avant de passer à la génération R. Je viens de passer au R5 Mark II, en complément de mon R3. En reportage ou en shoot, j'ai toujours deux boîtiers, équipés avec deux objectifs très différents, un grand angle et un focale longue. En montagne, je pars avec un 70-200mm et un grand angle. Et dans le sac, trois focales fixes, deux ou trois focales fixes, un 24mm, un 50mm et un 85mm. Je déteste regretter de ne pas avoir le bon objectif avec moi. Je préfère avoir un gros sac et des options. Je change, selon la lumière et mes besoins."

Digixo l Quels sont vos futurs projets photographiques ?

AB l En 2023, j'ai publié deux gros livres photo : Grands Trails et La Course en Tête. En 2024, j'ai alterné commandes photo et projets de film. Je suis en train de finir deux longs documentaires et je continue de répondre à une ou deux commandes photo par mois.

Digixo l Pouvez-vous choisir pour nous 4 photos que vous avez faites qui vous ont particulièrement marqué et nous les commenter brièvement ?

AB l "C'est un peu l'essence de mes photos en montagne - ce que je cherche à faire, composer avec
la lumière et le paysage et trouver l'équilibre.
 

Gary Robbins vint d'échouer pour six secondes à finir la Barkley, peut-être la course à pied la plus dure
au monde. Cette image a changé beaucoup de chose pour moi - et m'a conduit, avec un ami journaliste
(Aurélien Delfosse) à faire un livre et deux films sur la Barkley.
 

C'est le 15 juillet 2018, au soir de la victoire de la France en Coupe du monde de foot. Je terminais
un mois de reportage en Russie et j'étais revenu à Paris pour la finale. Cette photo est le point final
d'un projet photographique qui a abouti à un de mes livres : Contre Allez.
 

Sophie Power participe à une course de 160 kilomètres, l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, et on la voit
ici allaitant son fils Cormac, à mi-parcours. C'est ma photo la plus connue et la plus publiée.

Cette photo est exposée au Musée National du Sport et The Guardian l'a désigné comme
l'une des 50 photos qui ont changé l'histoire du sport."

Digixo l Si vous aviez un conseil à donner à un photographe qui souhaite faire de la photographie de sport ?

AB l "Étudier l'art, le photojournalisme, les grands photographes de portrait ou la mise en lumière au cinéma. Bref, tout ce qui ne vient pas de l'imagerie habituelle du sport."

Crédits photo : Alexis Berg

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